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Chance historique pour les Kurdes

Vicken Cheterian   /   30 апреля 2013 года

L’annonce de négociations entre Ankara et le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) a créé la surprise. Elle confirme la place nouvelle prise par la « question kurde » pour tous les acteurs régionaux, place confirmée par l’insurrection en Syrie. Ayant échappé au contrôle de Bagdad depuis 1991, le Kurdistan irakien espère catalyser et concrétiser les revendications nationales d’un peuple oublié de l’histoire.

Erbil, capitale de la région autonome du Kurdistan, dans le nord de l’Irak, est une ville en pleine expansion. Les maisons en briques font place à des centres commerciaux, à des hôtels et à des immeubles d’habitation. La banlieue se couvre de quartiers à peine terminés ou encore en chantier pour accueillir les nouvelles couches moyennes. Les magasins proposent des matériaux de construction, des meubles, des appareils ménagers. Les larges avenues sont encombrées de 4 x 4. Des Irakiens de tout le pays viennent ici faire des courses ou passer du bon temps. Des hommes d’affaires libanais, des marchands turcs, des travailleurs indiens de l’hôtellerie s’installent pour faire fortune.

La sécurité et l’argent du pétrole ont transformé la province poussiéreuse qu’était naguère le Kurdistan irakien en un havre de paix, un endroit à la mode pour toute la région. Mais cette prospérité a aussi sa face cachée. La dépendance à l’égard de l’or noir a amené les autorités à négliger l’agriculture : la majorité des produits alimentaires sont désormais importés. Et les inégalités se creusent.

L’histoire a malmené les Kurdes. Après la chute de l’Empire ottoman, quand les puissances européennes ont dessiné de nouvelles frontières, ils ont été oubliés, privés d’Etat, et sont restés éparpillés entre quatre pays : l’Irak, l’Iran, la Syrie et la Turquie. A l’époque, leur mouvement national était faible ; mais la marginalisation, la discrimination et la répression allaient le faire progresser inexorablement, quoique non sans à-coups. « Les Kurdes eux-mêmes ont été en partie responsables des difficultés passées, rappelle l’historien Jabar Kadir. Leurs divisions sont le reflet d’anciens émirats kurdes et des affiliations tribales qui se sont maintenues dans les partis politiques. »

 
Источник: monde-diplomatique.fr